Homélie du dimanche 15 Novembre P. Claudet

16 Nov 2020

Toutes les citations du Pape François sont tirées de l’encyclique Fratelli tutti, édition Bayard, cerf, Mame

Heureux ! les lectures de ce dimanche nous proposent un chemin vers le bonheur. D’abord, un bonheur tout simple, comme celui mis en valeur dans la première lecture, une invitation à vivre pleinement la vie de tous les jours en accomplissant dans la joie nos tâches quotidiennes, dans nos foyers, dans nos bureaux (ou en télé-travail) dans nos ateliers ou nos boutiques si nous avons la chance de pouvoir ouvrir. Mais une vie simple également ouverte vers les autres, les plus fragiles, les plus démunis : « ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux ». Souvent notre main s’ouvre juste pour laisser échapper une pièce mais notre main peut aussi rejoindre celle du pauvre pour partager la chaleur de nos cœurs.

Ecoutons le pape François : « J’insiste sur le fait qu’aider les pauvres avec de l’argent, doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail. (162 page 113)

 

Le psaume nous redit cette invitation à trouver le bonheur dans nos activités de tous les jours, « tu te nourriras du travail de tes mains, heureux es-tu, A toi le bonheur ». Mais, il ouvre une autre perspective : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies » : le bonheur est à chercher dans notre vie de tous les jours mais en cherchant à vivre selon les commandements du Seigneur, ceux de l’ancien testament renouvelés avec force dans le nouveau testament : « tu aimeras le Seigneur , ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ta force, et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même » (dans Luc 10, 27).

Pourquoi chercher à vivre tous les jours dans l’amour de Dieu et de nos frères ? St Paul nous le dit dans la 2èmelecture : « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit ». Il nous faut donc être prêt à accueillir le Seigneur à chaque instant de  notre vie. Et pour être prêt, St Paul nous donne deux consignes : soyons vigilants et soyons sobres. « Soyons », une invitation qui s’adresse à tous, à l’apôtre comme aux chrétiens de Thessaloniques, à moi comme à vous.

Donc, le psaume nous invite à marcher selon les voies du Seigneur pour être prêt lors de la venue du Seigneur annoncée par Paul. Quelles sont les voies du Seigneur ? C’est l’enseignement de l’évangile : il faut utiliser les dons que nous fait le Seigneur, utiliser les talents qu’il nous donne.

Dans un partage d’évangile en équipe fraternelle, un participant nous a dit : «  le premier don que nous fait le Seigneur, c’est la vie, il nous faut aimer la vie malgré toutes les épreuves qu’elle nous réserve. Quand le malheur nous tombe dessus, il faut continuer à aimer la vie. » Moi, je n’aurais jamais osé vous dire çà. Mais, dans cette journée mondiales des pauvres et du secours catholique, il faut l’entendre de la part d’un de nos frères durement touché par la maladie et la pauvreté. La vie, premier don de Dieu, doit être respecté et aimé dans tout homme, toute femme et à tout moment de son existence. C’est ce qu’affirme le pape François dans l’encyclique fratelli tutti : « Au fond les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger, surtout celles qui sont pauvres ou avec un handicap, si elles ne servent pas encore comme les enfants à naître, ou ne servent plus comme les personnes âgées. ((18 page 15)

 

Un autre membre de l’équipe nous dit ensuite : « en même temps que la vie, Dieu nous donne son amour ». Un amour pour vivre en frère avec tous les hommes, toutes les femmes de tout l’univers. Le pape nous le dit à sa manière : « l’amour passe en premier, ce qui ne doit jamais être mis en danger c’est l’amour, le plus grand danger c’est de ne pas aimer.  (92 page 67)

 

Et pour çà, le Seigneur  nous donne des talents : Des talents… Des talents, c’est quoi ? ce sont nos capacités, nos aptitudes, nos compétences, nos habiletés, nos facilités, ce pour quoi on est doué en somme !  Mais Dieu nous donne aussi la liberté :

Amour et liberté La question de Dieu ici c’est: que devient l’amour que j’ai semé en toi ? Que devient le trésor de tes capacités ? Ta liberté l’a-t-elle fait germer en fruit ? As-tu fait mûrir ta capacité d’aimer avec les talents, les dons que tu reçois et que tu cultives ? Et avons-nous conscience que les pauvres ont aussi des talents et qu’ils ne demandent qu’à les faire fructifier. Tendre la main aux pauvres pour les aider à se relever, à faire fructifier leurs talents, c’est possible non pas seul, isolé mais en donnant du temps, de l’argent aux associations   dont c’est la mission comme le secours catholique.

Ecoutons le pape François :

« L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement, non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre oui. (30 page 24)

Le repli sur soi, sur ses propres intérêts, c’est l’attitude de celui qui a enfoui son talent. Elle conduit au refus de l’amour de Dieu, donc à être jeté dans les ténèbres. C’est dur mais c’est notre liberté de refuser l’amour de Dieu

Exploiter ses talents et permettre à tous nos frères et sœurs d’exploiter pleinement leurs talents pour faire grandir l’amour autour de nous, voilà la source du bonheur maintenant et pour la vie éternelle.

En cette journée mondiale des pauvres et du secours catholique, ouvrons nos cœurs, ouvrons nos mains pour goûter au bonheur simple de l’amour partagé avec tous nos frères et sœurs de la terre.

Patrick Claudet