Edito du Père Lota Germain Konaté

18 Nov 2021

« Chaque jour où le soleil se levait c’était comme Dieu qui venait vers moi pour m’encourager »

Libération de la Sœur Gloria Cécilia NARVAEZ 

Sœur Gloria Cecilia Narvaez, bientôt 60 ans est religieuse des sœurs Franciscaines de Marie Immaculée, une congrégation qui a été fondée en 1893 en Suisse. La sœur Gloria, colombienne et moi nous sommes arrivés la même année dans la paroisse de Karangasso au Mali en 2010. Elle tenait la communauté avec trois autres sœurs. L’apostolat était orienté vers la lutte contre la pauvreté dont les activités étaient l’alphabétisation, l’organisation des petits commerces, la formation en tricotage, en couture, la sensibilisation aux bons comportements d’hygiène. Un orphelinat et un dispensaire leur étaient également confiés dans une étroite collaboration avec l’équipe des prêtres. 

Enlèvement

Nous sommes au mardi 7 février 2017.  Aux environs de 20h, cinq individus armés non identifiés font irruption dans la communauté des sœurs alors qu’elles se trouvaient toutes dans la salle de télé pour suivre les informations. Après avoir pris une somme de 45 euros ils ont enlevé la Sœur Gloria sans résistance aucune, étant donné que la gendarmerie située à 40 km est arrivée après la sale besogne des ravisseurs. Ce fut un mardi noir dans la semi-ville de Karangasso. Comme lorsqu’un épervier qui prépare bien sa trajectoire pour épingler le poussin, l’action s’est passée en un record de temps.  Le drame était si lourd et si énigmatique que toute la population a passé la nuit consternée. En tant que curé de la paroisse je me sentais plus concerné et incapable d’imaginer comment une telle tragédie pouvait frapper les agents pastoraux qui œuvraient sans trêve pour annoncer la Bonne Nouvelle en aidant les plus démunis. 

Solidarité et prière de la communauté

Dès le lendemain du kidnapping de la Sœur Gloria, des délégations venaient de tous les autres villages pour exprimer leur compassion et leur solidarité. Et cela sans distinction d’âge ou de confession religieuse. L’enlèvement de la sœur colombienne est devenue une affaire de toute l’Eglise et de la nation entière. Dans la semaine l’on a systématiquement organisé des prières pour sa libération. La messe du lundi et le rosaire du mercredi étaient la meilleure arme de combat dont se sont servis les fidèles de Karangasso pour le recouvrement de la liberté de Sœur Gloria. Notons que dans toutes les paroisses du diocèse, des prières ont été également organisées. 

Sœur Gloria est libérée

S’il y a un jour de tristesse comme celui du 7 février 2017, il y a également un jour de soleil, de joie et de lumière. Nous venons de jubiler pour soixante-huit confirmés de la paroisse de Houilles-Carrière le 9 octobre 2021. Le vicaire général, père Marc Boulle, est encore présent pour fraterniser avec l’équipe des prêtres. La nouvelle est donnée par l’Abbé Edmond, prêtre malien de passage à Houilles. Ça y est ! Elle est libérée la Sœur Gloria ! Le lendemain nous apprenons son arrivée à Rome. Un devoir moral me saisit, celui de me rendre à Rome comme pour jouer à Thomas à la seconde apparition de Jésus aux siens. C’est ainsi que je suis parti à Rome. La rencontre fut joyeuse et émouvante à la fois. Si les épreuves de la détention ont eu effets sur la Sœur durant les quatre ans, l’otage qu’elle était avait un secret :  celui de demeurer fidèle à Jésus dans la prière et dans l’espérance : « J’ai respecté leur religion et ils ne m’ont pas obligée à devenir musulmane » me disait-elle lors de notre causerie. Elle a ajouté ceci : « Chaque jour que le soleil se levait c’était comme Dieu qui venait vers moi pour m’encourager ». Le respect de l’autre et la prière confiante ont aidé Gloria à vivre avec ses geôliers durant sa captivité.

Seigneur je te prie pour les autres otages à travers le monde : sois leur soutien comme tu l’as été pour Sœur Gloria. Amen 

Père Germain Konaté

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