Pour que le Christ naisse dans les cœurs 

Le Père Germain nous fait l’amitié de nous partager comment on vit Noël dans son pays, le Burkina Faso. C’est l’occasion, à travers son témoignage, de découvrir son pays et d’élargir notre regard sur le sens de la fête de Noël.

Père Germain : – Noël est une fête très attendue et très préparée dans mon pays. La population majoritairement composée d’agriculteurs peut, suite aux récoltes et aux revenus de celles-ci, faire face aux dépenses pour préparer matériellement la fête de Noël. C’est l’occasion pour chaque membre de la communauté chrétienne, en prévision de cette fête, de renouveler sa tenue vestimentaire… et les couturiers sont débordés de commandes ! Un fruit économique de cette période qui apporte du travail  à toute la population*, chrétienne comme musulmane. 

Noël est aussi l’occasion de porter le pagne traditionnel à l’effigie de l’enfant Jésus dans la mangeoire. Chaque famille catholique essaie de l’acheter. Le porter est un signe de son appartenance à la communauté catholique et là encore à travers sa confection, un apport substantiel à l’économie locale. 

 Chez nous, Noël est aussi le temps où les enfants des familles chrétiennes ont l’occasion d’exprimer leurs talents. Ils réalisent une crèche faite de paille ou d’argile. Elle est installée devant la concession familiale… alors quand quelqu’un passe il se dit : « Tiens, ici habite une famille chrétienne. Les familles se préparent aussi à Noël spirituellement par une neuvaine de prière. 

La veille de Noël, chaque chrétien doit faire preuve d’endurance  ! souligne le Père Germain, car après la messe de la nuit et les retrouvailles qui la suivent, il faudra être sur pied pour la messe du jour de Noël ! A cette messe du jour de Noël, les petits enfants nés dans l’année recevront le baptême. Les enfants naissent avec le Christ ! Les familles sont très heureuses de voir cette correspondance entre la naissance spirituelle de leurs enfants et celle de Jésus. 

Les prêtres, quant à eux, ne sont qu’exceptionnellement en famille ces jours-là. L’Église burkinabé a eu à cœur que, partout où cela est possible, les prêtres viennent rejoindre les fidèles dans leur localité pour vivre les célébrations de Noël avec eux :  trois ou quatre messes par jour ! mais la joie des retrouvailles et la communauté qui vit un temps qui unifie et qui rassemble…on ne mesure pas la fatigue…c’est une joie de donner la possibilité de vivre l’unité et la rencontre ! 

Ce jour-là c’est tout le village qui est invité à la fête ! explique le Père Germain. Les griots (musiciens) qu’ils soient ou non chrétiens se mettent à la disposition de la communauté chrétienne. Leurs premières notes sont pour inviter les familles à se rassembler devant l’église. Une grande farandole, dansant au rythme de la musique, passe de maison en maison ; elle est accueillie par des applaudissements ou quelques pas de danse et porte la fête dans tout le village.

Le Père Germain nous confie son espérance pour le Burkina Faso à l’occasion de ce Noël 2020 :

« Le Burkina Faso est un pays fragilisé par le terrorisme où beaucoup de personnes sont déplacées du fait de l’insécurité. Je prie le Seigneur qu’il convertisse le cœur des terroristes…qu’ils pensent toute personne humaine comme quelqu’un qui a le droit de vivre dans la paix et la tranquillité. Que la naissance du Seigneur renforce la fraternité, qu’elle soit l’occasion d’un dialogue inter communautaire et inter religieux. Que l’Amour de Dieu guide les décisions de chacun où les intérêts du pays soient premiers.

Oui, pour ce Noël, je souhaite pour le Burkina, paix, cohésion, entente et amour mutuel. »

 

Merci beaucoup au Père Germain pour sa gentillesse, son accueil.

 

  • Le Burkina Faso est un pays de 20 millions d’habitants. Plusieurs religions y cohabitent, 62% de musulmans, 23% de catholiques, 6,5% de protestants et 7,8 % d’animistes.

 

En décembre, les enfants burkinabè ont coutume de construire ce qu’il appellent “une crèche” à la porte de la cour de la maison. Le plus souvent, elles n’ont pas de personnages. Mais elles sont comme un souhait de “Bonnes Fêtes” pour tous les passants.

Qu’elles soient aussi “Bonne Fête” pour vous.

In http://peresblancs.org/creches.htm